En Normandie: les jardins de Castillon

L’été 2013, en vacances en Normandie, nous avons visité les Jardins de Colette Sainte-Beuve à Castillon-Plantbessin.
Deux magnifiques jardins. Le premier est une succession de huit « chambres »: pergola, jardin anglais ou aromatique, jardin d’eau, etc.
Le second composé de trois terrasses successives ponctuées d’ifs topiaires, s’ouvre sur une bordure de graminées et aboutit à un arboretum et un labyrinthe.

Je n’aurais voulu louper ce jardin pour rien au monde! S’il avait fallu n’en faire qu’un dans la région, c’aurait été celui-là! C’est une merveille, un enchantement! Comme un voyage à travers un conte de fées où, d’une page à l’autre, comme par magie, on change d’atmosphère, de pays,…

Colette Sainte-Beuve réserve un accueil chaleureux et bienveillant à ses visiteurs, elle prend le temps de bavarder un peu, tout sourires, les yeux rieurs, un mot pour chaque enfant. C’est une personne d’un naturel généreux, cela se voit.

Elle nous confie un fabuleux croquis des jardins et nous conseille sur l’itinéraire de la visite avant que les enfants ne s’emparent du plan comme si c’était une carte au trésor!

C’est donc en Normandie, près de Bayeux, à côté de leur pépinière, que Colette Sainte-Beuve, épaulée par son mari, a conçu ses merveilleux jardins.

La visite commence par le 2 ème jardin, le plus récent, conçu avec l’aide du graveur-paysagiste François Houtin.
Tirant parti du terrain en pente douce, il a imaginé une succession de terrasses ponctuées d’ifs en topiaires.

Le chemin s’ouvre sur le Jardin des graminées, où les raides topiaires contrastent avec les vivaces et les épis qui ondulent au vent.
Étais-je donc si bouleversée que je n’ai pris d’autres photos?…

Les escaliers mènent ensuite au Jardin bleu qui m’attire déjà comme un aimant, avec ses superbes cornouillers panachés que j’adore (cornus controversa ‘variegata‘).

Ces cornus au remarquable port étagé, plantés aux 4 coins de la terrasse, illuminent de leur feuillage panaché de blanc. Ils contrastent avec le doux camaïeu gris-bleu des lavandes, nepetas, agapanthes,…
Quand je vois ces douces bordures duveteuses, je me dis qu’il faut que je déplace mes pitoyables stachys byzantina!

Je découvre ici le fin nuage des limonium tataricum…

Je traîne, j’admire, je contemple… Si bien que mon Namoureux revient me sortir de mes pensées. Quand je lui dis que j’aime tellement ce coin du jardin, il me répond que c’est parce que je n’ai pas encore vu la suite!
Il attise ma curiosité, je me remet en route pour aller voir plus loin… et reste de nouveau éblouie par la scène suivante…

Le Jardin des hémérocalles est l’endroit que Hugo a préféré. Un chemin de larges dalles traverse les deux petits bassins carrés, permettant de marcher au milieu de l’eau.

Là, accroupi, Hugo, a longuement guetté les grenouilles, les libellules et les poissons, sous la frimousse farceuse d’Anatole, le facétieux gardien du bassin qui fait fuir les hérons en basculant par surprise, quand son bec est trop plein…

Mais seulement les vrais hérons, heureusement, car ceux-ci, inoffensifs, sont charmants.

Présence insolite et drôle au milieu des joncs, Anatole anime le bassin où fleurissent quelques nénuphars somptueux.

Dans ce petit coin de fraîcheur, à l’ombre de deux gros érables, des iris, des fougères, des hostas, des astilbes et, évidemment, des hémérocalles.

Une fenêtre taillée dans la haie ouvre le regard sur la suite du jardin. Alors que je m’attarde encore, j’aperçois mon papa qui se repose sur un des nombreux bancs niché dans une alcôve de buis.

En contournant la haie, la promenade se poursuit sous les arbres élégants du petit arboretum.

La haie est scindée et garnie de belles poteries élancées.

Ludique, le petit labyrinthe de buis encercle une fontaine et signe d’un trait en colimaçon la fin du jardin.

Nous remontons juste un peu l’allée centrale pour rejoindre l’entrée du premier jardin (qui est donc le plus ancien). Celui-ci, entièrement imaginé et conçu par Colette et Hubert Sainte-Beuve, a vu le jour en 1985.

Il se compose de 8 petits jardins à thèmes, clos de haies d’ifs. Une succession d’univers très différents, un dépaysement sans cesse renouvelé, on passe d’une ambiance à une autre, des bassins à de luxuriants mixed-border, d’un jardin japonisant au jardin de senteurs, pour finir en apothéose dans une clairière ensoleillée qui nous charme définitivement… Si ce n’était déjà fait!

A l’entrée, la gloriette en bois disparaît sous une luxuriante clématite montana ‘Marjorie‘. Au printemps, le spectacle de ses innombrables petites fleurs vieux rose doit être fabuleux.

On plonge immédiatement dans l’atmosphère luxuriante du jardin d’eau où un long bassin rectangulaire est entouré d’une véritable jungle de verdure. Cet endroit est sans doute un de mes préférés. C’est un havre de fraîcheur, une délicieuse parenthèse, je viendrais y bouquiner des heures, entourée des nénuphars, du clapotis de l’eau et des carpes koï…

 

Fougères, hostas, persicaria, alchemilles laissent un étroit passage pour longer le bassin…

Ici et là, de belles poteries peaufinent le décor.

La haie s’ouvre maintenant sur le bassin aux nymphéas, nettement moins exubérant mais au dessin original, en forme d’octogone, sobrement entouré d’ardoises.
Les agapanthes blanches se mirent dans l’eau et les canards semblent guetter les nombreuses carpes Koi qui glissent sous les nénuphars.

Irrésistiblement, mon regard est attiré par l’allée engazonnée qui déroule son tapis vert bordé de remarquables mixed-border à l’anglaise.

Je pénètre dans l’antre avec gourmandise, les yeux écarquillés! Une profusion de plantes vivaces admirablement conjuguées, d’abord dans une harmonie de tons pastels, bleus, roses, blancs, comme je les aime tant.

Rosiers, phlox parfumés, ombellifères, persicaires, asters, thalictrums, monardes, campanules, etc. font de savants mariages de couleurs.

Les vivaces des deux rectangles du milieu offrent ensuite de subtils accords jaune et blanc, élégants et frais, d’une belle harmonie: achillea ‘kiku San’, aster divaricatus, veronicastrum, phlox…

Enfin, la partie supérieure se décline dans des teintes fortes, avec de larges touffes de vivaces aux tons chauds ou sombres.

Assise sur le banc pour admirer la perspective axée sur le banc au-delà du bassin aux nymphéas, j’ai comme une bouffée d’admiration pour Colette Sainte-Beuve! Je suis émerveillée…

Mais Zoé s’impatiente! Munie de sa « carte au trésor », elle veut nous guider vers le jardin suivant et nous présenter, très solennellement, le jardin oriental.
Je n’ai pas vraiment envie de quitter l’allée fleurie pour aller voir une pagode et des conifères! Mais il faut bien poursuivre la visite…

Suivant sans conviction la demoiselle, je déambule du jardin zen au petit théâtre contigu. De très beaux hydrangea, un tapis de bruyères, des fougères, un petit cornus florida ‘Rainbow’, un hydrangea quercifolia.

Le chemin débouche sur le jardin des senteurs et j’en oublie de suivre les pas de mon guide qui file déjà vers la pergola en annonçant joyeusement « la clairière ensoleillée »…
Je m’arrête une fois de plus. Les autres trouveront bien un banc où m’attendre, il y en a partout!

Un élégant poirier pleureur d’ornement au beau feuillage gris-argent (pyrus salicifolia pendula) trône au milieu des aromatiques et des plantes officinales qui embaument.

C’est pas tout ça mais il semble qu’on m’attend derrière ce ravissant portail ouvragé et plus loin, sur un banc, comme prévu! Comme ils sont patients avec moi…
J’abandonne à regret le jardin des senteurs et traverse la pergola défleurie. Elle devait être merveilleuse croulant sous les glycines, rosiers lianes et clématites!

La fameuse clairière ensoleillée s’ouvre à moi, entourée d’arbres, d’arbustes et de vivaces.

Un banc est installé à l’ombre de bouleaux au tronc blanc.

C’est la fin du jardin et il faut se résoudre à remonter doucement l’allée bordée d’arbres, de clématites, de rosiers et de nombreux hortensias.

La visite s’achève par la pépinière ou l’on retrouve la plupart des plantes vivaces de cette collection et des arbustes.

Je ne sais si les enfants ont finalement trouvé leur trésor mais il est temps de rendre sa carte à la propriétaire des lieux et de lui laisser un petit mot dans son grand livre d’or.

Lorsque je lui fais part de mon effroi devant le travail considérable que doivent représenter de tels jardins en plus de la pépinière, la jardinière, modeste, me répond avec sérénité que les couvre-sol et le paillage lui simplifient sérieusement la tâche.
Il n’en reste pas moins que la pépinière, à elle seule, représente énormément de travail et que pas une seule fleur fanée ne subsiste dans les jardins! Je lui tire mon chapeau!

Ces somptueux jardins méritent amplement leur label « jardin remarquable ».

Je sors de là la tête dans les nuages, dans un rêve éveillé, avec des envies de jardins, d’arbres, de clairières, d’échappées, de pièces d’eau, de nénuphars, … Et je ne suis pas encore revenue totalement à la réalité,…
« Ah si j’étais riche… je ferais un jardin! »

Les enfants m’ont dit que s’il y a, en Belgique, des jardins avec des cartes, ils veulent bien venir les visiter avec moi! Si c’est pas me prendre par les sentiments ça…

12 commentaires sur “En Normandie: les jardins de Castillon

  1. j’en ai pris plein les yeux !! et mon coeur s’est remplie de joie !! des idées à prendre à noter des ambiances que j’aime !! bon ben j’ai du boulot !!! cela me donne tellement envie !!
    que j’aime le jardin et le jardinage cela me vide la tête !!

  2. Mais il est incroyable ce jardin! Nous avons visité quelques beaux jardins Normands il y a quelques années, mais pas dans ce coin là. Il y a tellement d’endroits que je voudrais visiter, en voilà un de plus!
    Bonne journée, à bientôt, Véro.

    1. Il faudrait que nous retournions en Normandie car moi aussi il y en a d’autres que je rêve de visiter! Notamment le Jardin Plume mais je préférerais le voir en septembre qu’en plein été, même si je me doute qu’il est beau toute la saison!
      As-tu vu le jardin d’Angélique! Un vrai coup de coeur pour moi!

  3. J’habite Caen, a côté de Bayeux, et de revoir ces jolies scènes de couleur, m’étonne envie d’y retourner , merci……
    Oui le Jardin Plume est très joli à voir en septembre, mais il y a aussi le jardin des Agapanthes en Normandie !!!
    Bonne visite , à bientôt

  4. Tout comme votre lecteur Philippe D je passe une belle soirée à découvrir vos visites de jardin tous plus beaux les uns que les autres .
    Vos nombreuses photos et légendes sont un régal .
    Vos enfants sont de la partie et je vois que Hugo prends bien du plaisir et oui les belges devront faire des jolies cartes pour avoir sa visite dans leurs jardins ….
    Merci Malo .
    Emmanuelle

  5. Bonjour Malorie,
    je n’avais lu jusqu’à présent que tes articles sur les roses… C’est un « tout petit peu » mon point faible!
    J’ai visité récemment un jardin où j’ai découvert un cornouiller panaché, extraordinaire, je ne connaissais pas cet arbre, et depuis que je l’ai vu, je l’ai en tête tout le temps…
    je suis venue voir si tu avais des conseils pour le planter et l’entretenir, et je suis tombée sur la visite de ce jardin …
    Merci infiniment pour ce partage, ces belles photos, ces découvertes! C’était un pur moment de bonheur de découvrir ce jardin, même derrière un écran!

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