Les tenthrèdes sont des sortes de petites guêpes noires, dites aussi « mouches à scie » car les femelles pondent leurs œufs dans les feuilles ou les tiges des végétaux grâce à un appareil de ponte qui ressemble à une petite scie.
Il en existe de très nombreuses espèces dont certaines spécifiques aux rosiers. Leurs larves, souvent vert-jaunâtre, sont des ravageurs des feuilles de rosiers.

Celles qu’on appelle « tenthrèdes limaces » ou tenthrèdes mineuses ne grignotent que le revers du limbe et les dégâts sont généralement minimes.
Mais j’ai affaire ici à des colonies de larves qui ne laissent que les nervures des feuilles et c’est bien plus inquiétant car les végétaux, lorsqu’ils sont totalement défoliés, sont considérablement affaiblis.
La femelle adulte ressemble à un moucheron avec un abdomen orangé.

Comme j’avais éliminé à la main quelques larves de tenthrèdes, ce week-end, sur le rosier ‘The Alexandra Rose’, j’ai surveillé de près le feuillage des autres et je viens de repérer leurs dégâts sur ‘Yolande d’Aragon’!

Ni une, ni deux, j’enfile mes gants et j’écrase entre les doigts ces parasites qui ravagent mon rosier… Pas de pulvérisations car les oiseaux en mangent un peu mais je sais d’expérience qu’ils n’en viennent pas à bout tout seuls et si j’attends que les larves descendent se nymphoser dans la couche superficielle du sol, il sera plus difficile de limiter l’invasion par la suite.
Pas de temps à perdre donc! (mais avant, je prends des photos! LoL ).

J’ai aussi taillé les tiges déformées par la présence d’œufs et celles défoliées par les larves.

Larve de tenthrède ou chenille à papillon?

Cette tenthrède en particulier (Arge pagana) a des larves verdâtres ponctuées de noir. En colonie plus ou moins importante, elles dévorent les feuilles par le bord du limbe et n’épargnent que les nervures principales. Elles se relèvent en forme de « S » caractéristique dès qu’elles sont inquiétées. Ces détails permettent déjà de les identifier avec quasi certitude.

Les larves de tenthrèdes peuvent être confondues avec de minuscules chenilles à papillons d’environ 1 à 2 cm. Outre la position caractéristique en S sur le bord des feuilles (typique de Arge Pagana mais pas des autres sortes de tenthrèdes), il faut avoir des yeux de Lynx (ou un objectif macro) pour les différencier en comptant leurs pattes.

Que faire?

Les coeurs sensibles se demanderont peut-être pourquoi je les tue ces pauvres bébés tenthrèdes? Eh bien parce qu’ils sont voraces et affaiblissent le rosier!
Et quand on sait qu’une femelle pond environ 300 oeufs en mai-juin, et qu’au bout d’une dizaine de jours, les larves se laissent tomber sur le sol où elles nymphosent et qu’en juillet-août ces nymphes donnent une deuxième génération de tenthrèdes adultes qui vont à leur tour aller pondre sur les rosiers, etc… Parfois, une troisième génération peut encore apparaître en septembre-octobre!
Les dernières larves de l’année vont hiberner sous forme de nymphes, qui redonneront des insectes adultes en mai-juin de l’année suivante et le cycle recommencera…

Note: en prévention, un binage en automne et en hiver, au pied des plantes qui ont été attaquées l’été, exposera les nymphes au froid et à leurs prédateurs…

Les inconscients se demandent peut-être pourquoi je ne pulvérise pas un produit quelconque pour éliminer les larves?
Eh bien parce que c’est très simple de les supprimer à la main et qu’il n’existe aucun traitement qui soit inoffensif pour l’environnement.
Une solution de savon noir ou à base de pyrèthre serait efficace mais ces traitements ne sont pas spécifiques et élimineraient aussi de nombreux insectes auxiliaires…

On pourrait être tenté d’utiliser un traitement à base de Bacillus thuringiensis (Bt) mais cela n’est efficace que sur les vraies chenilles (à papillons) et pas du tout sur les larves de tenthrèdes!

Donc, j’écrase!
Et je compte aussi sur les oiseaux, les grandes sauterelles et autres prédateurs naturels pour m’aider à lutter!