Prenant exemple sur Dame Nature qui ne laisse jamais de surfaces de terre nue dans ses contrées sauvages, je couvre le sol de mes massifs avec les « déchets végétaux » produits par le jardin lui-même, tout au long de l’année.
Ce qui vient du jardin retourne au jardin! Lui et moi n’y trouvons que des avantages…
laisser les déchets de taille en paillis sur le sol
Les avantages du paillage
Je ne dois presque plus travailler le sol, la nature le fait pour moi 😉
Épandre une épaisse couche de paillis organique entre les plantes (pas trop près du collet) permet d’avoir sans effort :
- une terre plus souple et plus riche : en se décomposant progressivement, le paillis organique se transforme en humus qui améliore la structure du sol et l’enrichit en éléments nutritifs.
- un sol plus vivant : le paillage abrite la microfaune. Dessous, il y a des vers de terre, des insectes, des petits invertébrés et c’est même un milieu favorable pour les staphylins qui dévorent les œufs de limaces. Certains oiseaux du jardin viennent d’ailleurs y farfouiller pour chercher de la nourriture! Tout un écosystème!
- un sol perméable qui absorbe mieux l’eau de pluie : en protégeant la surface du sol de l’érosion due à la pluie battante et au vent, le paillage empêche la formation d’une « croûte » qui freine la pénétration de l’eau.
- moins d’arrosages : il conserve une bonne humidité du sol en été.
- moins de désherbage : une épaisseur suffisante de paillis empêche les mauvaises herbes de se ressemer ou, à tout le moins, de s’enraciner profondément. Les interventions de désherbage sont beaucoup plus faciles compte-tenu de la légèreté et de la souplesse du sol.
Notez que la plantation de vivaces couvre-sol joue ce rôle avec efficacité et esthétique! - un isolant thermique : le paillis protège les racines de la chaleur en été et du gel en hiver.
- moins de trajets vers la déchetterie : un recyclage à la source est un précieux gain de temps et d’énergie…
Cela attire-t-il les limaces? Il semblerait que non! En réalité, les limaces sont tout aussi nombreuses dans les parcelles sans paillis mais moins visibles car elles se cachent dans la terre, tandis qu’elles logent dans le paillis quand il y en a donc on les voit mieux. Le paillage serait même plutôt propice à une régulation des populations de limaces puisqu’il constitue un milieu favorable pour les staphylins, des insectes qui dévorent les œufs de limaces.
Les matériaux du jardin, un paillis gratuit et naturel
- Les feuilles mortes, c’est de l’or! : ne gâchez pas ce trésor! Étalées en automne dans les massifs, au pied des arbres et au potager, elles se décomposent vite. Parfait pour la protection des végétaux non rustiques en hiver. Un paillis idéal pour les plantes qui aiment les sols humifères (clic ici)
(à l’exception des feuilles malades de rosiers ou de fruitiers pour ne pas favoriser la maladie l’année suivante). - Les déchets de taille des vivaces, des graminées et des annuelles : Lorsque je rabat les plantes vivaces, je les laisse sur place. Éventuellement, je les coupe grossièrement au sécateur. Vous pouvez aussi les étaler pour passez la tondeuse dessus avant de les intégrer aux massifs. Ils se décomposent vite et enrichissent le sol.
- Le B.R.F. (broyat de feuillus) : quand vous taillez vos arbustes et vos haies, passez les branchages au broyeur. Le BRF (Bois Raméal Fragmenté) ainsi obtenu peut être intégré au compost ou utilisé directement en paillis.
Dans la mesure du possible, il est conseillé de toujours mélanger les essences disponibles pour faire son broyat.
Note : Les résineux ne se prêtent pas à cette utilisation (ou alors -de 20%).
Il est généralement conseillé d’étendre le BRF sec en automne ou en hiver (avant janvier) car il aurait le désavantage de provoquer ce qu’on appelle la « faim d’azote » (il absorbe l’azote du sol pour se décomposer) mais cela n’a effet que sur quelques centimètres en profondeur (à peine 1 à 2 cm semble-t-il) et ne dure que quelques semaines. Il n’y a donc aucune incidence en cette période où la nature s’endort et même au printemps, quand la végétation redémarre, cela n’a d’effet que sur des vivaces faiblement enracinées… Le phénomène intervient surtout si on utilise un paillis plutôt carboné (constitué d’éléments ligneux comme par exemple les copeaux de bois sec) et peut être contré en disposant une couche de compost mûr au pied des plantes, ou un peu de sang séché, ou une fine couche d’herbe de tonte…Moi je n’ai aucun inconvénient avec le compostage de surface que je pratique toute l’année (je laisse quasiment tous mes résidus de taille sur le sol).
- Les tontes de gazon séchées au soleil : elles forment un paillis idéal pour le potager car elles se décomposent vite et apportent l’azote dont les plantes ont particulièrement besoin au printemps.
Si vous ne pouvez pas attendre que l’herbe sèche, étalez-la en fines couches successives mais n’étalez surtout pas une couche épaisse d’herbe humide ! La fermentation formerait une masse gluante et nauséabonde qui ne serait pas bénéfique pour les plantes ! Pensez à l’écarter de quelques centimètre du collet des plantes pour éviter tout risque de pourriture… - Compost « maison » : Le compost, même pas tout à fait mûr, peut être étalé en guise de paillis. Il achèvera sa décomposition en surface du sol et nourrira la terre. Il ralentit considérablement la germination des « mauvaises » herbes. (en revanche, le compost demi-mûr ne peut pas être utilisé pour les semis car il brûle les graines fragiles!).
Les paillis organiques du commerce
Je ne les utilise généralement qu’à la création de nouveaux massifs, en attendant que les jeunes vivaces couvre-sol prennent la place. Il faut veiller à écarter un peu le paillis du collet des plantes pour leur permettre de s’étaler et pour éviter tout risque de pourriture.
Par la suite, les matériaux du jardin cités ci-dessus suffisent amplement, en complément des vivaces…
Cela dit, si votre jardin ne produit pas suffisamment de matières pour pailler les massifs et le potager, les paillis vendus en jardinerie sont également très satisfaisants, parfois même décoratifs, mais évidemment plus coûteux.
Lequel choisir? Il doit être adapté aux besoins de vos plantes : un sol acide, neutre ou calcaire? Frais et humifère ou sec et pauvre? Un gros calibre au pied des haies et sur les allées ou un paillis qui se décompose plus rapidement pour nourrir les massifs et le potager?
- Les écorces de pin : Ce paillis dure longtemps car il se décompose lentement. A long terme, il acidifie le sol donc à réserver pour les cultures de plantes franchement acidophiles (plantes de terre de bruyère, rhododendrons, azalées) et pour les petits fruits rouges, ou pour recouvrir des allées. En revanche, il est déconseillé pour les rosiers, hydrangea et autres végétaux qui ne demandent pas un sol trop acide.
- Les copeaux de bois : Issus des déchets de scierie, ils s’achètent en sacs ou en vrac. On peut parfois commander du B.R.F. à un élagueur qui broie de grandes quantités de déchets de taille. (voir B.R.F. ci-dessus).
Ils se décomposent rapidement et s’utilisent en massif de vivaces ou au pied des haies ou des arbres. - Les cosses de cacao : il est déconseillé si vous avez un chien qui mange tout car il contient de la théobromine, un alcaloïde végétal toxique pour les chiens. C’est un paillage onéreux et il faut noter que son importation depuis les Tropiques a un lourd impact environnemental.
C’est un paillis neutre, qui ne modifie donc pas le pH du sol, d’une grande qualité, d’une belle couleur brun foncé et qui nourrit la terre en se décomposant, assez rapidement. Riche en azote, en potasse et en magnésium, il est idéal pour les rosiers et les massifs fleuris. Il provient des coquilles des fèves de cacao et en a d’ailleurs l’odeur caractéristique les premiers jours. - Les paillettes de chanvre, de lin et de miscanthus : Ce sont des paillis neutres également, mais de couleur claire. Parfaite pour toutes les cultures maraîchères, pour les massifs de vivaces et annuelles. Fins et légers, ils se décomposent vite.
Pour éviter que ces matériaux ne s’envolent au moindre coup de vent, arrosez juste après avoir disposé le paillis.
Vous pouvez utiliser le chanvre même sur un talus à forte pente. Une fois mouillé, il forme une sorte de croûte qui tient en place. Bon à savoir, Sophie (blog Jardin de ces dames’) a testé le chanvre vendu à usage de litière pour chevaux. Il est identique à celui vendu en jardinerie comme paillage, mais bien moins coûteux à l’achat (moitié prix)! Près de chez moi, j’en trouve chez Animalis, à Waret-la-Chaussée.
Attention le lin vendu à usage de litière comporte des graines qui vont germer et offrir de jolies petites fleurs, ce qui ne sera pas le cas du lin pour paillage. - Les coques de coco: sous la forme de petits morceaux de 2 cm, brun foncé, ce paillage dense ne s’envole pas et se décompose très lentement. Il a un PH neutre avec une bonne capacité de rétention d’eau. Il est bien adapté aux plantes méditerranéennes ou pour pailler une allée. Il s’utilise aussi pour les plantes potagères, les vivaces, les arbustes.
- Les cosses de sarrasin : un paillis brun, très fin, parfait pour les potées fleuries. Il s’utilise aussi dans un petit massif ou au potager. Il semble peu apprécié des limaces qui s’y déplacent difficilement. Il se décompose en 2 ou 3 ans.
- La paille : utilisée traditionnellement au potager, principalement pour la culture de cucurbitacées (melons, courges, potirons, courgettes), mais aussi pour protéger les plantes frileuses en hiver. Economique et se décomposant vite. Mais si elle n’est pas hachée menu, elle laisse assez facilement passer les adventices.
Les paillis minéraux
Graviers, galets, ardoises pillées… Ils sont recommandés dans les rocailles, pour isoler le collet des plantes alpines, dans les jardins secs sur graviers (clic) et dans les jardins méditerranéens où les plantes préfèrent les sols secs et pauvres.
Dans les jardins contemporains, on les choisit pour leur coté décoratif mais ce type de paillage inerte ne nourrit pas le sol comme le ferait un paillis organique en se décomposant. Ils limitent l’apparition d’adventices et gardent un peu de fraîcheur à la terre en été mais, sans feutre géotextile en-dessous, les graviers finissent souvent par se mélanger à la terre si la couche est trop fine.
Comment pailler?
- On peut pailler toute l’année, les meilleures périodes étant le printemps et l’automne. (si vous utilisez du B.R.F. sec autour de jeunes vivaces, paillez de préférence en automne/hiver ou alors compensez avec un apport de matières azotées ).
- Avant de pailler, désherbez la zone, binez puis arrosez si le sol est sec (ne paillez jamais un sol sec, cela freinerait plus encore la pénétration de l’eau)
- Étalez ensuite le paillis entre les plantes en veillant à laisser le collet des plantes dégagé.
- Épandre une couche de 3 à 8 cm d’épaisseur pour que le paillage joue pleinement son rôle.
Plus le calibre du paillage est grossier, plus la couche peut être épaisse, particulièrement au pied des arbres et arbustes (n’étouffez pas de petites vivaces).
- Si votre paillage est destiné à protéger une plante frileuse, doublez l’épaisseur du paillage en hiver.
- Si votre paillage est constitué d’éléments « frais » comme la tonte de gazon, paillez en plusieurs fois, en étalant de fines couches successives.
Il en va de même avec le broyat frais : étalé en couche épaisse, il peut chauffer. Dégagez bien le collet des plantes. - Ne paillez pas sur sol gelé, car le paillage aurait alors l’effet contraire de celui recherché, gardant le froid dans le sol.
- Dans les massifs et au pied des haies, rajoutez régulièrement une couche de paillage pour le renouveler, en attendant que les plantes vivaces couvre-sol utilisent tout l’espace.
- Au potager, si votre paillis organique est déjà bien décomposé en fin d’hiver, vous pouvez enfouir ce qui reste par simple griffage en surface. Dans le cas contraire, enlevez ce qui reste pour pouvoir travailler la terre facilement. L’excédent de paillage pourra être mis au compost ou servir à pailler un massif.
Je paille, tu pailles, il paille, nous paillons…
Avec du broyat, des feuilles mortes, les tontes de nos jardins, des débris végétaux… Et nos massifs, protégés et fertilisés, s’en trouvent aussi bien que le jardinier qui limite ainsi les corvées de désherbage et l’arrosage!
Bonjour Malo,
Il y a longtemps que je paille et je n’ai jamais bêché mon jardin ( parfois la flemme a du bon ; trop fatigant pour moi , pas une santé extraordinaire) . Au début, je faisais avec les feuilles mortes et il y a une dizaine d’années, on a investi dans un broyeur. J ‘ai même paillé toute une partie du jardin avec des cartons recouverts de feuilles . J’en avais marre d’arracher les chênes, ronces,ajoncs qui se resemaient entre les arbustes. C’est efficace. Maintenant les cartons sont décomposés et les couvre-sol ont pris le relais. Sais-tu si on peut broyer les genêts et les lauriers ?
La technique de la lasagne, avec les cartons, a en effet fait ses preuves et je la recommande souvent pour la création de nouveaux massifs.
Il est vrai que le genêt se décompose moins vite. Tout comme les feuillages persistants en général qui prennent plus de temps. Mais je pense qu’on peut sans soucis en intégrer en petite quantité dans son broyat de feuillus. Dans la mesure du possible, il est conseillé de toujours mélanger les essences disponibles pour faire son broyat.
Teste donc cette année et tu pourras nous faire part de ton expérience ensuite 😉
Si cela t’intéresse, cette page permet de relativiser tous les préjugés sur telle ou telle essence: http://jardinonssolvivant.fr/quelles-essence-pour-faire-du-brf/
Bonjour Malo, et vous tous, merci pour ces précieux conseils, je vais essayer d appliquer ces techniques dans le jardin. Comme Capucine je commence à fatiguer de nettoyer les parterres.
Et puis comme ça je pourrai en créer de nouveaux .
Belle journée.
La bonne excuse! : « Je crée des nouveaux massifs parce que je dois tester la lasagne, tu comprends?! » 😉
Belle semaine!
Ok on a une séance de broyage prévue la semaine prochaine mais j’ai peur que les genêts se ressèment partout. En principe on broie tout ce qui passe dans le broyeur, branches tiges un peu dures des vivaces hautes( asters, vernonia, helianthis,salicaires..) graminées. Seules,les feuilles des montbrétias ne passent pas. Alors mon mari les tond après avoir fait des andains. Merci pour le lien.
Branches, vivaces et graminées y passent aussi? Alors je suis intéressée par la marque de votre broyeur? 😉
Je ne fais pas de compost je mets directement les déchets verts de cuisine directement sur les plates bandes les vers de terre n aime pas trop le compost ,ils préfèrent les déchets qu on leur fournit sur la terre ,eux se chargeant de les digérer. Quand au brf il s agit de branches de petites section ,maximum 3 cm…le paillis des branches plus grosses doit être stocké….
je ne suis pas une adepte mais je m’y mets tout doux; pas de BRF, pas de broyeur, mais je ramasse beaucoup de feuilles mortes même dans la rue et je paille, enfin je feuille! surtout les arbustes, hortensias, camelias avec les fougères coupées, mais pour les vivaces, j’ai plus de mal! je commence juste à garder les tontes, mais petit jardin, je ne sais ou les faire sécher…. enfin ça vient….
merci pour tous tes articles
porte toi bien.
Je n’ai pas de broyeur non plus. Je n’en ai pas souvent l’utilité car je n’ai finalement pas grand chose à tailler au jardin donc je coupe le plus souvent les branches en petits tronçons avec mon sécateur. Mais si je veux me lancer dans une taille plus sévère de certains arbustes, je peux toujours emprunter le broyeur de mes parents 😉
Quand le jardin était trop jeune que pour fournir des feuilles et de la matière à composter, je faisais comme toi, j’allais les chercher au bord des routes! 😉
A bientôt,
Hyper intéressant ! Comme toujours
Merci j’ai appris encore plein de trucs.
Bises
Mais nooon, ce n’est pas à toi que je peux encore en apprendre! 😉
Des bises!
Merci Malo ! C’est très intéressant !
Encore un article intéressant, qui m’a fait une bonne révision. J’aime ta façon d’écrire, toujours très claire. Ici aussi je broye, je paille, presque plus rien de sort du jardin. Et mon sol commence à me dire merci ! Dire qu’il y a quelques années tout partait à la déchetterie …..
Bisous Malo, belle journée,
Merci Régine!
Eh oui, ça évite bien des trajets à la déchetterie! Quel gaspillage c’était, quand on y pense! Le sol en retire tellement de bénéfice!
J’évacue encore les tailles de rosiers, même sains, parce qu’en broyat, ça pique, et j’ai aussi peur pour les papattes des chats et de Nala…
Belle semaine!
Excellent article ! Rien de tel qu’un bon paillage ! Tu prêches une convaincue ! L’aspect « inesthétique » (tout est relatif) du paillage en BRF ne dure que une ou deux semaines au printemps tellement la végétation se développe vite. Mais les avantages sont tellement nombreux. Au tout début du jardin, j’ai « refait » de la terre dans un massif complètement asséché par les racines très superficielles du vieux thuya. Rien qu’en mulchant trois années consécutives avant de planter. La terre était grouillante de vers de terre. C’est vraiment magique de pailler son sol. Bisous Malo !
Merci Marie! Je sais qu’avec toi, je prêche une convaincue. J’arrive aussi de plus en plus à « convertir » la plupart de mes clients et ça c’est vraiment une satisfaction pour moi!
Si en plus je peux convaincre des lecteurs anonymes, j’ai tout gagné n’est-ce pas?! 😉
Ton expérience avec ce massif est une preuve de plus que ça fonctionne!
Je suis heureuse que tu aies repris la plume sur ton blog! Bisous
Bonjour Malorie ! J’ai découvert ton blog il y a quelques mois et je l’adore vraiment ! Quelle mine d’information et de conseil il constitue. Merci beaucoup pour tous tes partages et conseils. Merci pour cet article super intéressant !
Merci pour ce commentaire enthousiaste et si motivant pour moi! 😉