Les fourmis sont utiles…
A priori, les fourmis ne sont pas nuisibles. Elles rendent même de précieux services aux jardiniers : elles dévorent des larves, vers et autres nuisibles présents dans le sol, elles aèrent le sol par leurs galeries, elles disséminent les graines et enfin elles enrichissent la terre en recyclant des déchets végétaux et animaux morts. Elles sont aussi une source de nourriture pour d’autres insectes et pour des oiseaux.
Les fourmis sont donc utiles et leur éradication totale du jardin serait totalement néfaste à nos plantations.
La présence modérée des fourmis aide à préserver la santé du rosier….
J’entend tellement souvent des jardiniers s’inquiéter de la présence de quelques fourmis…
Et je lis trop souvent qu’on leur conseille de les éliminer au plus vite « parce qu’elles élèvent les pucerons »!…
Je voulais apporter un peu de nuance et de bon sens à tout cela… N’oublions pas que la nature est bien faite!
Les pucerons consomment la sève des plantes, en quantité minime, et sans que cela porte un réel préjudice, pour autant que les prédateurs naturels arrivent à point nommé pour les éliminer…
Les pucerons digèrent les protéines dont ils ont besoin et excrètent un reliquat sucré : le miellat.
Quand il y a trop de miellat qui reste sur le feuillage, cela peut favoriser le développement d’une maladie cryptogamique, la fumagine (le feuillage se couvre d’une poudre noire), qui ne cause pas de dégâts directs à la plante mais en occultant la surface des feuilles, elle réduit sa capacité de photosynthèse et peut donc donner un aspect peu satisfaisant à la plante.
Néanmoins, cette maladie affecte rarement les rosiers et autres arbustes et c’est en partie grâce aux fourmis!
En effet, les fourmis sont friandes de ce miellat. Les pucerons se laissent « traire » en échange de la protection des fourmis. C’est donnant-donnant! (à savoir, certains prédateurs ont néanmoins adopté des stratégies pour passer le barrage des fourmis et les coccinelles, les aphidius, les chrysopes peuvent s’envoler si nécessaire…).
En plus, les fourmis ont un rôle de « nettoyeur » : comme elles récupèrent le miellat, elles évitent le développement de la fumagine sur le feuillage!
Mais il faut qu’un équilibre soit maintenu! …
Ce n’est qu’en cas de déséquilibre que cela peut poser problème. Quand les fourmis grimpent en TROP grand nombre sur la plante pour y faire un élevage de pucerons, elles font pire que mieux!
Elles améliorent les conditions de vie des pucerons puisque la fumagine rendrait impossible la consommation de sève par les pucerons. Les fourmis vont ainsi favoriser l’extension de la colonie de pucerons qu’elles élèvent pour le miellat qu’ils excrètent.
Certaines fourmis peuvent même construire un nid qui s’élève au-dessus du sol, enserrant le pied du rosier infesté de pucerons.
D’après ce que j’ai déjà eu l’occasion d’observer, une telle fourmilière peut affaiblir le rosier.
Dans ce cas, il vaut donc mieux les pousser à s’éloigner!
La lutte biologique
En prévention, éloignons les pucerons…
Pour lutter contre les fourmis sur les plantes ornementales ou au jardin potager, tout en préservant le biotope, éloignons d’abord ce qu’elles viennent y chercher, à savoir les pucerons.
- N’abusons donc pas des engrais « coup de fouet » très dosés en azote qui sont susceptibles de favoriser la venue des pucerons. En effet, les plantes trop nourries en engrais azotés développent de jeunes pousses particulièrement tendres et sucrées dont les pucerons raffolent!
Le purin d’orties est un bon engrais, souvent utilisé pour nourrir les rosiers. Néanmoins, lui aussi est riche en azote!
Tout réside dans une utilisation modérée, comme dans tout!… - Évitons tout traitements chimiques afin de favoriser la venue des prédateurs naturels de pucerons : les oiseaux, les coccinelles, les perce-oreille , les chrysopes ou les aphidius sont des auxiliaires utiles pour limiter la population des pucerons.
Les fourmis ne gênent pas particulièrement ces petites guêpes parasitoïdes, ni les coccinelles adultes qui peuvent s’envoler… Par contre, en venant porter secours à leur “troupeau”, elles peuvent décourager d’autres auxiliaires. - Une culture associée : combiner lavande et rosier est non seulement très joli mais c’est aussi efficace pour éloigner les pucerons. D’autres plantes aromatiques agissent comme répulsifs naturels, telles que le basilic, le romarin, l’absinthe, la rue officinale, la tanaisie ou des œillets d’Inde.
Un pot de menthe peut aussi perturber les parasites (attention en pleine terre la menthe s’avère vite envahissante!) - Plantons des « plantes martyres » : des capucines, des eryngium ou des fèves attirent les pucerons comme un aimant, suffisamment pour les détourner des rosiers. En « déplaçant » les pucerons, nous aurons du même coup moins de fourmis sur les rosiers, puisqu’elles suivront leurs « troupeaux ». Les plantes martyres sont très utilisées en permaculture et potagers bio. Evidemment, il faut accepter d’avoir une capucine infestée de pucerons mais c’est toujours mieux que sur les rosiers ou les légumes!
Pour se débarrasser des fourmis éleveuses de pucerons…
Selon moi, il n’est pas forcément utile d’intervenir quand les rosiers sont infestés de pucerons. Au contraire, je les laisse volontiers pour les oiseaux, les syrphes, les coccinelles et les autres auxiliaires du jardiniers (clic ici)…
Mais si les prédateurs naturels n’arrivent pas, même après plusieurs semaines (ce qui arrive dans les régions où l’agriculture intensive utilise beaucoup de produits chimiques) et si les fourmis sont là en grand nombre, favorisant encore la croissance de la colonie, il vaut mieux intervenir avant le développement de fumagine sur le feuillage. En effet, il peut arriver que les fourmis n’arrivent plus à suivre le rythme et à jouer pleinement leur rôle de « nettoyeur » du feuillage.
- Commencez par passer le jet d’eau (à faible puissance) pour faire tomber les pucerons.
- L’ail comme répulsif naturel! Les fourmis détestent l’odeur forte de l’ail. Plantez des bulbes d’allium dans le massif ou dans le potager, autour des plantes. Ou alors enterrez des gousses d’ail au pied du rosier et des cultures qui posent problème. Et si il y a une fourmilière, placez les gousses directement dedans.
- Le marc de café humide : Dispersez sur le sol du marc de café humide (pas sec!). Apparemment, ça ne fait pas fuir les fourmis mais elles le mangent et d’après ce que j’ai lu, ce serait pour elles un poison violent.
On peut utiliser le marc de café des filtres à café, de café expresso ou même des capsules de café.
C’est aussi un excellent engrais mais il ne faut pas en abuser! (clic ici) - La maïzena : saupoudrer de la maïzena sur le nid de fourmis… pour l’avoir moi-même testé à l’intérieur de la maison, je suis sûre que ça marche. Mais à l’extérieur…? Il faudrait renouveler après chaque pluie… Il semblerait que les fourmis la mangent mais ne la digèrent pas.
- Un demi-citron pressé et moisi. Posez-le au pied de la plante (renouveler tous les 10 jours). Cette méthode semble très efficace chez certains, mais pas du tout chez d’autres… Faites vos tests et dites-moi comment ça marche chez vous! 😉
- Si la plante est en pot, enroulez autour du pot des bandes adhésives double-face pour empêchez les fourmis de grimper dessus, ou alors tracez un trait à la craie. Cela devrait stopper leur progression.
- Lutter contre les pucerons lanigères des racines ; ils vivent sous terre, parfois même dans les galeries des nids de fourmis, accrochés aux racines. Arrosez avec une macération de fougères ou une décoction de tanaisie, directement sur le nid de fourmis.
- Quand un nid de fourmis forme un monticule de terre au pied d’un rosier, cela affaiblit la plante. Si aucun des moyens cités ci-dessus n’a marché, essayez en arrosant directement au pied du rosier, avec du purin d’orties ou du purin de rhubarbe, (ou du vinaigre blanc tiède dilué avec de l’eau?),…
Evidemment, certains vont me demander pourquoi je ne vante pas plus les insecticides bio, purins divers et savon noir, mais il faut savoir que, même naturels, ceux-ci ne sont pas sélectifs et vont tuer d’autres insectes, y compris des auxiliaires du jardinier!
Je les conseille donc seulement en dernier recours…
La terre de diatomées est une poudre efficace comme répulsif naturel mais dangereuse pour les enfants et les animaux de compagnie. A utiliser avec précaution!
Je vous laisse faire vos choix en toute conscience, mais personnellement, je préconise toujours des moyens plus doux…
Et vous, avez-vous aussi quelques fourmis sur vos rosiers? Cela vous a-t-il déjà posé un problème?
Avez-vous déjà eu à « combattre » les fourmis? Quels moyens avez-vous utilisés et avec quels résultats?
N’hésitez pas à partager vos expériences pour que chacun en bénéficie!
Article très intéressant. Merci Malorie !
Avec plaisir Madame la Commissaire! 😉
A moins que ce soit Catherine?
J’ai passé vos livres à mes parents qui apprécient bien vos enquêtes ! Ça leur change « drôlement » les idées pendant le confinement 😉
Bises à vous deux!
J’ai appris des choses très intéressantes à propos des fourmis! Je me suis toujours demandé à quoi elles servaient! Petit truc pour éloigner les fourmis dans une cuisine: mettre du poivre moulu sur leur passage. (sur le bord des armoires à confitures, seuil des portes….) Merci pour cet article très instructif!
Merci pour ce chouette commentaire avec une astuce de plus pour les fourmis dans la maison! 😉
Article très intéressant. Si j’ai bien compris, les fourmis ne dévorent pas les boutons de rose. Alors quel est le prédateur qui me dévore un bouton déjà beau sur lequel j’ai trouvé des fourmis ? Je les ai arrosées de citron.
une chenille? Des cétoines?…
https://lesjardinsdemalorie.be/petite-chenille-verte-mangeuse-de-feuilles/
https://lesjardinsdemalorie.be/la-cetoine-doree-elle-me-ressemble/
Je n’aime ni les pucerons ni les fourmis ni les limaces ni les araignées. Beurk ! Et encore moins les guêpes et les moustiques ! Alors pssstttchh !
Ceci dit gentiment : autant vivre en appartement, donc plus de pschitt à prévoir !
J’en ai partout dans le jardin et elles ne me posent qu’un seul problème : si je ne me rends pas compte que j’ai un pied posé au ras d’une fourmilière, et que je suis en sandalettes ou pieds-nus, je me fais piquer, enfin mordre ! Et je le sens bien ! Heureusement celà passe très vite. Bon dimanche. Bises
Ah! Quelle horreur!
Sais-tu que quand je me balade dans la nature sauvage, c’est une de mes craintes. Je préfère piétiner sur place ou tourner en rond plutôt que de risquer de rester statique sur une fourmilière… brrr, j’en ai des frissons! Mais c’est comme avec les araignées, je me sens bête avec ces phobies…
Belle semaine!
Merci pour cet article éclairant. Je vais vite tester vos méthodes…
Merci pour cet article une fois de plus très intéressant. Je vais observer les rosiers, les fourmis et les pucerons différemment cet été. J ai planté un premier rosier liane au jardin, j’espère qu’il va échapper à tous les dangers.
Bon dimanche après midi.
J’avais testé le café sur un pommier très infecté. Les prédateurs ne pouvaient pas s’installer du fait de l’agressivité des fourmis. Le temps que les fourmis ont consommé le café, les coccinelles ont pu laisser les larves qui ont fait le ménage.
Merci de venir partager ici cette expérience concluante! C’est sympa! 😉
Le coup du café c’est génial ! je vais essayer… mais il va falloir en boire plus, j’en mets déjà au pied de mon Cornus florida qui trouve ma terre pas assez acide, et ça lui réussit, il a fleuri magnifiquement cette année
Vous me direz si vos tests sont concluants, ce sera instructif pour tous d’avoir votre retour d’expérience 😉
Belle semaine!
Un tout grand merci pour toutes les solutions naturelles proposées 🙂 J’ai remarqué hier que mes rosiers en pot étaient envahis de pucerons et de fourmis et que j’avais des taches noires sur des feuilles 🙁 Je vais donc m’empresser d’essayer certains trucs proposés – merci tout plein !!
Bonsoir,
Merci pour cet article. Sur ma parcelle parisienne (terre argileuse), je souhaite planter deux rosiers miniatures qui sont en fleurs. Or, sur l’emplacement choisi, en remuant un peu la terre, j’ai vu toute une colonie de fourmis s’affoler. Elles me semblent trop nombreuses pour planter ces deux minis rosiers. Je dois bien d’abord m’en débarrasser et donc attendre pour planter ? Pour l’instant, je viens de mettre de l’eau bouillante mais je ne suis pas certaine d’avoir trouver le nid. Et j’ai mis du marc de café.
Je pense continuer encore demain avec un plus grand seau d’eau chaude…et peut-être des gousses d’ail.
Merci d’avance s’il y a des précautions particulières avant de planter au regard de ces conditions.
Bonsoir,
Il est en effet préférable non pas forcément de s’en débarrasser mais au moins de les éloigner… Plantez des gousses d’ail ou de l’ail d’ornement et essayez les différentes techniques proposées dans l’article : maïzena, demi-citron…
Bonne chance 😉
Ce n’est pas toujours évident de trouver la juste mesure quand il s’agit de réduire les nuisances des insectes sur notre confort. Sur les fourmis qui trouvent le chemin de votre séjour. J’ai pu expérimenter une technique radicale qui consiste à condamner l’accès privilégié par un piège et nettoyer les autres chemin ainsi que leurs destinations. Le piège est simple, une pacerele pour accéder à un récipient avec un fond de confiture et de l’eau, comme un voyage sucré sans retour. Quand l’invasion fini par d’essouffler , un bon nettoyage et un peu de répulsif olfactique.
Bonjour,
Merci beaucoup pour cet article!
Cependant, je m’interroge car j’ai vu les fourmis manger un de mes boutons de rose.
Pourquoi font-elles cela?
Cela ne me dérange pas beaucoup car j’aime l’idée que mes plantes soient au service des insectes!
LYDIE a dit
le 14mai 2022
Merci pour votre article très bien fait et même des traitements naturels en plus SUPER
Bonjour et merci pour votre article bien construit, intéressant, et respectueux du vivant.
Je découvre en ce moment que les fourmis « grignotent » … ! Un rosier « Buff Beauty » héberge une assez petite colonie de fourmis (environ 3-4 par branches). Depuis trois jours, j’observe des fourmis et la trace de grignotage qu’elles laissent … Le bouquet de boutons diminue … ! Très peu de pucerons sur ce rosier, un phagocyté et autre solitaire, c’est tout ! Pour voir, je leur ai donné une larve de tenthrède des tiges dont elles raffolent d’habitude… Les trois fourmis l’ont prise et … je ne sais pas si elles l’ont apporté dans la colonie ou si elles s’en sont débarrassé … J’aurais juré que ces insectes ne touchaient pas aux végétaux mais à priori, elles mangent de tout ! Je vais tenter les gousses d’ail …
Voilà … c’était juste pour partager mon début d’expérience avec une idée fausse.
Bonne journée et bon week-end au jardin
Bonjour , je voudrais mettre de l’ail au pied de mes rosiers mais combien de gousses d ail par rosier ? D autre part j’ai noté que la présence des fourmis entraînait des espèces de dépôts noirâtres sur la tige aux intersections de branches … comme si les fourmis abîmaient les tiges de rosier ou les mangeaient ? C est curieux … merci de vos conseils ! Axelle
Bonjour,
Je ne sais pas exactement mais j’imagine que 2 ou 3 gousses sont bien suffisantes.
Je ne vois pas de quel dépôt noir vous parlez. Je n’ai jamais observé cela et je ne suis donc pas sûre que ce soit dû à la présence des fourmis.
Bon week-end
Le dépôt noir dont vous parlez, c’est peut-être la fumagine (champignon ?) qui se developpe suite aux sécrétions (miellat) des pucerons ; les fourmis incitent les pucerons à leur donner ce « mets sucré «
J’y ai pensé aussi mais la fumagine ne reste pas uniquement à l’aisselle des feuilles, elle couvre le feuillage en général. Et à moins d’un gros déséquilibre, les fourmis devraient plutôt empêcher la fumagine de se développer car en léchant le miellat qui se trouve sur les feuilles, elles les nettoient…
LA fumagine est comme une poudre noire et fine qui s’enlève en frottant avec un chiffon ou avec le doigt. Essayez pour voir si ca pourrait être cela…
Et oui, c’est logique ! Pas ou peu de fumagine si les fourmis sont présentes…