Faire confiance…

C’est quand même paradoxal quand on y pense… Souvent, les jardiniers qui pulvérisent du savon noir ou du purin insecticide « maison » sur les pucerons le font parce qu’ils sont soucieux de préserver l’environnement! Ils sont persuadés que c’est bien puisque c’est naturel, c’est mieux que le chimique, c’est biodégradable… mais ça reste un insecticide non sélectif.
Et qu’il soit chimique ou Bio, un insecticide, par définition, tue les insectes!
Il ne fait pas le tri entre les pucerons et les larves de coccinelles, les larves de syrphes, les oeufs de chrysope, etc.
Il élimine en même temps les ravageurs et les insectes auxiliaires, prédateurs naturels de pucerons!
L’impact du savon noir (ou des purins maison d’ailleurs!) sur la petite faune est donc non négligeable! Pourtant, beaucoup utilisent encore ce truc de grand-mère et pire, se refilent le tuyau sans trop se poser de questions, convaincus de partager un bon conseil « puisqu’on a toujours fait ainsi, c’est efficace et en plus c’est bio! ».

Alors apprenons plutôt à reconnaître les prédateurs naturels de pucerons et surtout, à leur faire confiance!
Il n’y a pas lieu de s’inquiéter dans un jardin favorable aux auxiliaires, car ils régulent très bien les pucerons.

 

Les coccinelles mangent déjà beaucoup de pucerons mais leurs larves sont encore plus voraces!

Les coccinelles, un auxiliaire très utile au jardin pour se débarrasser des pucerons.

A droite, une pupe de syrphe vide. Le syrphe adulte s’est déjà envolé, après sa métamorphose, pour aller polliniser des fleurs et pondre des œufs sur les rosiers afin que ses larves dévorent plein de pucerons. (La pupe est l’équivalent de la chrysalide chez les papillons)
Pour lire mon article : Syrphes et larves de syrphes, qui êtes-vous?

A droite une pupe de syrphe

Un puceron obèse ? Il a été parasité par un petit moucheron, l’aphidius, qui a pondu dans son corps. Ce n’est plus qu’une momie de puceron…
Un article sur cet auxiliaire du jardin : l’aphidius

auxiliaires du jardinier: au milieu des pucerons, une grosse "momie" dorée, c'est un puceron parasité par une larve d'aphidius
auxiliaires du jardinier: au milieu des pucerons, une grosse « momie » dorée, c’est un puceron parasité par une larve d’aphidius. Et en blanc, des exuvies de pucerons (peaux mortes)

Une larve de syrphe mange des centaines de pucerons pendant son développement.
Celle-ci est amusante à observer de près car on voit le système digestif brun-noir à travers.

larve de syrphe, prédateur de pucerons

Cette larve de syrphe a croissants, bien qu’aveugle, ne tardera pas à trouver le puceron dodu qui se trouve à côté. Elle aspirera l’intérieur de son corps, l’hémolymphe, et recrachera la peau morte, vide et blanche, que les jardiniers confondent souvent, à tort , avec des petits insectes blancs…

larve de syrphe à croissants, prédatrice de pucerons

Des œufs de coccinelles. On connaît fort bien les larves de coccinelles mais quand elles sortent de l’œuf, elles ne mesurent que 1mm et si on n’y regarde pas de plus près, on peut les confondre avec des pucerons noirs!

Mieux connaître les larves de coccinelles. et Comment accueillir les coccinelles au jardin?

oeufs de coccinelle
naissance des larves de coccinelles

Des minuscules grains de riz blancs perdus au milieu des pucerons? Ce sont des œufs de syrphes!

Œufs de syrphes dont les larves sont des prédatrices naturelles de pucerons, avec un puceron parasité par une larve d’aphidius

Cette larve de syrphe a déjà mangé quelques pucerons sur ce bouton de rose. On devine d’ailleurs les peaux mortes qu’elle a recrachées après avoir aspiré l’hémolymphe à l’intérieur du corps du puceron.

larve de syrphe, prédateur de pucerons. On devine la présence d’exuvies blanches (peaux desséchées, sorte de carapaces, que les pucerons abandonnent lorsqu’ils muent).
larve de syrphe, prédateur de pucerons. On devine la présence d’exuvies blanches (peaux desséchées, sorte de carapaces, que les pucerons abandonnent lorsqu’ils muent, ou que la larve recrache après avoir aspiré l’hémolymphe).

La larve de chrysope est elle aussi une grande prédatrice de pucerons et en mange des centaines durant son développement! Comme elle est plus rare dans mon jardin, j’ai des paillettes dans les yeux quand j’en vois une 😉
Lire aussi : auxiliaire du jardinier : la chrysope

larve de chrysope, grande prédatrice de pucerons
larve de chrysope, grande prédatrice de pucerons

Et les oiseaux nourrissent leurs petits avec les pucerons qu’ils viennent chercher sur nos rosiers et autres plantes… Le nettoyage sera vite fait!

une mésange bleue mange les pucerons sur un rosier
une mésange bleue mange les pucerons sur un rosier

18 commentaires sur “Faire confiance…

  1. Depuis que j’ai découvert votre merveilleux blog, je ne me préoccupe plus des pucerons et je laisse faire la nature. Merci encore pour vos très bons conseils.

  2. Je laisse faire la nature comme tu le preconises , mais il y a pas mal de pucerons et j’ai tous les nouveaux boutons de rosiers « percés  » qui ne s’ouvrent pas, des feuilles grignotées,
    Les coccinelles ne sont pas nombreuses …

    1. C’est probablement une chenille de noctuelle qui perce les boutons de rose.
      https://lesjardinsdemalorie.be/cest-qui-qui-a-mange-le-bouton-de-rose/
      Les feuilles grignotées, ce serait soit une chenille encore, soit des larves de syrphes… Il faut une loupe pour les différencier quand elles sont toutes petites. Tu peux éventuellement les chercher au revers des feuilles et les éliminer (il faut de bons yeux car elles mesurent entre 1mm et 1 cm selon le stade de développement).

  3. Tout à fait ! Voyant les mésanges bleues faire des allers-retours incessants du nichoir à mon petit fusain (situé à 3 mètres), j’ai mieux regardé mon fusain et vu qu’il commençait à être sérieusement infesté de petites chenilles qui mangeaient les feuilles. Il était déjà gravement atteint . Le lendemain, c’était pire. Je suis intertvenue en enlevant des cocons (que j’ai laissés au pied du fusain pour les mésanges), car visiblement, les mésanges n’y arrivaient pas. De plus, c’est vraiment une année à chenilles et elles dégoulinent du chêne au bout de leur fil. Les mésanges les préfèrent car plus grosses sans doute ! Le chêne est aussi tout à côté du nichoir. Même chose pour mon groseiller, défolié chaque année par de minuscules chenilles vertes. Cette fois, ça a commencé et c’est redoutable : en deux jours, plus de feuilles du tout ! « Mais que font les mésanges » ? Elles n’arrivent pas à tout manger et ces minuscules chenilles les intéressent moins que les plus grosses (on les comprend !).Donc, là aussi je suis intervenue en enlevant une à une les minuscules chenilles ! fastidieux ! (je les ai mises dans une coupelle au pied du nichoir, mais elles n’ont pas intéressé les mésanges). Et puis j’ai fait une décoction de tanaisie dont l’odeur éloigne les insectes paraî-il. j’ ai sauvé mon groseiller, cette fois. Tout ça pour dire que, si l’on intervient parce que trop, c’est trop, il faut le faire avec précaution ! j’ai des pucerons sur les rosiers mais les oiseaux ou coccinelles font le ménage, il suffit d’attendre !

    1. Les oiseaux sont de précieux alliés du jardinier! Comme je comprends, chez vous, ils ne savent plus où donner de la tête. C’est Byzance! 😉
      Ah les chenilles sur les fusains ce sont sûrement des hyponomeutes?
      https://lesjardinsdemalorie.com/chenilles-sur-les-fusains-les-hyponomeutes/
      Avez-vous identifié celles qui sont sur le chêne? (des processionnaires?)
      Et sur le groseilliers, c’est vrai que les petites chenilles vertes font de gros dégâts en un temps record. Vous avez bien fait de les enlever à la main avant qu’elles ne fassent leur chrysalide. Bonne idée l’infusion de tanaisie. J’espère que ca va être efficace!

      1. Les chenilles du chêne sont les petites vertes qui se balancent au bout de leur fil. Mais cela ne semble pas affecter le chêne ! Le groseiller et le fusain ont l’air d’aller bien maintenant !

  4. Effectivement…. tout cela fonctionne très bien sans nous… même si nous avons quelques dégats… jamais bien graves ! Je nourris mes oiseaux tout l’hiver, au printemps il leur faut bien une alternative… Merci Malorie… je me régale et m’inspire beaucoup de vos posts…. avec mes excuses pour l’anglicisme… belle journée.

    1. Quel anglicisme? Tout est parfaitement écrit! 😉
      Merci pour votre gentil message et partage d’expérience! En effet, les oiseaux sont d’une aide précieuse aussi au jardin!

    1. C’est un tout autre problème 😉
      Les baveux sont plutôt des auxiliaires « décomposeurs ». C’est-à-dire qu’un de leurs rôles au jardin est de digérer la matière organique en décomposition. Par conséquent, en théorie, à choisir entre une salade fraîche et des feuilles de salade en décomposition, ils choisiront plus volontiers les secondes. Mais si ils n’ont pas le choix, ils mangent ce qu’ils trouvent à se mettre sous la dent, évidemment…
      Une solution consiste donc à leur laisser de la matière organique en décomposition sur le sol. Au potager par exemple on laissera les feuilles abîmées des légumes entre les rangs ou à divers endroits autour des cultures… Au jardin d’agrément, on peut pratiquer le compostage de surface en laissant notamment, entre les semis et vivaces, des fleurs et feuilles fanées, tailles diverses, fine couche d’herbe de tonte…
      https://lesjardinsdemalorie.com/le-compostage-de-surface/

  5. Mais tellement d’accord… Il faut changer notre regard sur ces animaux qui forment un maillon essentiel de la chaine alimentaire de nos jardins. Plus un jardin offre de nourriture en tous genres (végétaux, fleurs, fruits, bêtes…), plus il est sain et beau. J’ai aussi appris à chérir les gastéropodes, tellement utiles pour nettoyer le jardin et améliorer la structure de sa terre. Quand ils commencent à manger mes hostas, je leur mets mes épluchures de cuisine à proximité. Ils délaissent alors les hostas et tout le monde est content ! Je viens encore de commenter une pub pour un insecticide contre la pyrale du buis sur Facebook. Je suggérais que la réaction la plus raisonnable à avoir, c’était de remplacer les buis par une alternative insensible aux maladies, plutôt que s’user à acheter et appliquer chaque année des pesticides. Que n’avais-je pas dit ! Quelqu’un s’est empressé de voler au secours de l’insecticide « d’origine naturelle »… La route sera encore longue pour changer nos mentalités et y introduire un peu de bon sens !

    1. Oh là là, comme je vous comprends! Il m’arrive aussi d’avoir des commentaires en ce sens. Les gens pensent encore que le bio et le «naturel» est forcément sans conséquences sur l’environnement. Grosse méprise!
      Il est long le chemin pour faire changer les mentalités!

  6. Tout à fait d’accord avec vous. Je pratique depuis quelques années le mélange des variétés et espèces et l absence totale de pesticides et ne rencontre aucun problème. Une auto gestion réussie !! A part la taille bien sûr

  7. Merci pour toutes ces précisions fort utiles. Depuis que je suis votre blog, j’ai appris la patience. Désormais je sais attendre et guetter l’arrivée des larves….. et effectivement ,si on laisse à la nature un peu de temps, elle se régule et adieu les pucerons!
    Merci à vous de nous ouvrir les yeux et bravo pour votre magnifique jardin, ma source d’inspiration!

  8. Bravo pour cet article complet et très utile qui remet les pendules à l’heure.
    Merci pour tous vos partages enrichissants.
    Jardinièrement,

    christine

  9. Merci beaucoup pour cet article et complet et très pédagogique ! C’est en apprenant et en comprenant comment les choses fonctionnent que l’on peut ensuite changer ses pratiques.
    On aime les papillons mais on déteste les chenilles et on veut les éliminer.
    On aime les oiseaux mais on s’échine à exterminer tous les insectes.
    On veut accueillir de la biodiversité mais souvent en ne proposant que le gîte et non le couvert…
    Voilà d’autres paradoxes. Si on veut un jardin riche en biodiversité, il faut cultiver plein de plantes différentes et les mélanger pour ne pas créer des autoroutes bien signalisées pour les « ravageurs » qui n’auront en fait rien d’autre à se mettre sous la dent. La monoculture devient alors une pouponnière à « ravageurs ». Et puis comme vous le conseillez si bien aussi, on arrête de scruter chaque détail, on recule de quelques pas et on profite de ses plantes sans s’inquiéter d’un petit trou sur une feuille ou d’un pétale en moins ! L’hiver a été très doux, mes jeunes rosiers n’ont quasiment pas perdu de feuilles donc au printemps les anciennes feuilles sont devenues « moches » avant de tomber. Il aurait été complètement inutile de faire un quelconque traitement. J’ai lu votre blog avant d’avoir des rosiers donc j’ai commencé de la façon la plus naturelle possible avec juste du crottin pour stimuler leur croissance et aucun traitement. Les cétoines croquent un peu certaines fleurs mais il en reste plein d’intactes. De loin ça rend très bien et je vois de beaux rosiers en plein développement ! Ça me permet de profiter de mes rosiers sans me prendre la tête et perdre mon temps à les traiter. J’essaie d’en parler autour de moi en espérant que petit à petit les regards et les pratiques vont évoluer. Merci encore.

  10. j’ai adoré vous lire, quel beau travail vous avez lá! merci!
    efectivement c’est en apprenant que l’on pourra changer nos mentalités dûes à des idées reçues ou lues sur Dr Google
    je vais donc continuer à travailler ma paciênce et aprécier ce que la nature me donne
    et continuer à vous lire

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