En promenade dans la réserve naturelle du Ried de Selestat, nous avons rencontré l’orvet fragile (Anguis fragilis). Long d’une quarantaine de centimètres, à peine plus gros que mon pouce, très calme, il rampait lentement en travers du chemin et s’est gentiment laissé photographier. Il est tout à fait inoffensif.
Je serais heureuse de l’accueillir au jardin car ce serait un précieux auxiliaire vu qu’il se nourrit notamment de limaces, petits escargots, larves d’insectes, araignées, cloportes, vers, etc.

Il était brun, lisse et brillant, avec les flancs noirs.
Les mâles sont brun uniforme, parfois avec des taches bleues.
Les femelles ont souvent le dos plus clair et ont régulièrement une ligne vertébrale noire.
Les juvéniles se reconnaissent à leur couleur dorée avec une ligne vertébrale noire.

L’orvet, un lézard sans pattes?!
Comme les lézards, l’orvet peut abandonner sa queue en cas d’agression, afin d’échapper à son prédateur (cela s’appelle autotomie), mais chez l’orvet, le membre ne se régénère pas vraiment. Cette dérobade ne fonctionne qu’une fois car le petit moignon de queue qui repousse ne se détachera plus…
A part cela, qu’est-ce qui le distingue d’un serpent?
Sa petite tête qui est peu distincte du corps.
Ses écailles qui sont de la même taille sur le ventre et sur le dos (tandis que les serpents ont une seule rangée de grandes écailles sur le ventre).
Ses paupières mobiles qui lui permettent de fermer les yeux (tandis que les serpents ont une paupière transparente fixe).
Il se déplace plus lentement que les serpents. Très calme, il ne cherche jamais à mordre (et n’a de toute façon pas de venin).
Cependant, s’il est admis en général de le classer parmi les lézards, les avancées scientifiques actuelles ont démontré que l’orvet appartient au groupe des toxicofères (varans et serpents), mais qu’il aurait perdu au cours de son évolution les glandes sécrétrices de toxines. (Réf Les Jardins de Noé).

Il est très discret.
D’octobre à mars, il se protège du froid dans un abri généralement souterrain, qu’il partage souvent avec d’autres orvets ou même parfois avec des reptiles ou amphibiens.
Les adultes creusent eux-mêmes leurs terriers ou utilisent les terriers abandonnés de petits mammifères. Pour passer l’hiver, ils peuvent aller jusqu’à 1,50 m de profondeur. On a observé des rassemblements qui comptaient une centaine d’individus en hivernage.
Le reste de l’année, il se déplace peu et vit dissimulé dans la végétation dense, sous la terre, sous les pierres et les roches ou sous les feuilles, dans les tas de bois ou dans les hautes herbes, dans les jardins naturels, les prairies humides, les friches, les haies, les bocages, les vergers, les bois et les forêts, les landes, les tourbières, les carrières… Il y trouve l’humidité et la chaleur et aussi les petites proies qui constituent son repas..
Il sort le plus souvent de sa cachette par temps doux mais humide, pour thermoréguler c’est-à-dire se maintenir à la température interne normale. On peut aussi parfois l’observer en train de prendre un bain de soleil…
Entre avril et juin, selon les régions, c’est la saison des amours. Avant l’accouplement, les mâles s’adonnent à de violents affrontements entre adversaires.
Durant l’accouplement, le mâle maintient fermement la femelle à la base de la tête, entre ses mâchoires, et cela peut durer 10h à 20 heures et même plus!
En août-septembre, les femelles pondent en moyenne 6 à 12 œufs (mais ça peut aller jusqu’au double!) dont la membrane est si fine que l’on devine les petits orvets à travers. Ceux-ci déchirent la membrane quelques minutes ou quelques heures après la ponte et sont de suite autonomes. A la naissance, ils mesurent moins de 10 cm.

L’espèce semble en déclin, principalement à cause de la destruction de son habitat naturel et de l’utilisation de pesticides et insecticides dans certaines régions.
Il est aussi la cible des rapaces, des chats, des poules, de serpents ou de petits mammifères…
C’est pourquoi l’orvet est protégé, en Europe.
Au jardin
Nous autres jardiniers devons y faire attention, lorsque nous débroussaillons ou passons la tondeuse… Il serait profitable de lui offrir le gîte en préservant au jardin quelques endroits sauvages et, en échange, il débarrassera nos cultures des limaces et autres baveux!
Il s’installe volontiers sous des planches, pierres plates, murs de pierres sèches, tas de cailloux, tas de feuilles, de foin, de branchages, haies sèches… et il apprécie aussi la manne de nourriture que constitue le compost.
Sources :
infofauna.ch
https://www.serpentsdefrance.fr/
jardinsdenoe.org
lpo.fr