La consoude, un fertilisant naturel

En juin dernier, lorsque j’avais ouvert mon jardin aux visiteurs, Evelyne m’avait apporté une petite consoude bleue. Repiquée près du potager, elle s’est bien développée et forme aujourd’hui une plante robuste et florifère, qui apporte une vraie note de naturel au jardin…
Les boutons rose vif s’ouvrent en petites clochettes d’un merveilleux bleu ciel, au-dessus d’une touffe de feuillage rugueux, semi-persistant.

Consoude bleue, Symphitum azureum

Des fleurs de 1 cm, tubulaires, pendantes, nectarifères, dont les corolles sont courtisées par les butineurs.

Consoude bleue, Symphitum azureum

Avant la floraison, le feuillage peut être confondu avec celui de la digitale qui est très toxique. Mais au toucher la digitale est laineuse et douce alors que la consoude est rêche.

Consoude bleue, Symphitum azureum
Consoude bleue, Symphitum azureum

Où l’installer?

Les graines se ressèment spontanément à l’entours et les racines tracent facilement mais la consoude bleue est paraît-il un peu moins envahissante que la consoude officinale, sa cousine « sauvage » qui pousse allègrement dans les prés ou les fossés humides et au bord de l’eau.

Même si elle préfère les sols riches et frais, elle peut résister à la sécheresse.
Quel que soit le style du jardin, du jardin de grand-mère au jardin contemporain, la consoude a sa place en situation ensoleillée comme dans les endroits ombragés un peu ingrats, à la mi-ombre d’un sous-bois, en fond de massif, ou dans une terre qui reste humide au bord d’une pièce d’eau.
Elle est indispensable en périphérie du potager en permaculture.

Consoude bleue, Symphitum azureum
Consoude bleue, Symphitum azureum
consoude
Consoude bleue, Symphitum azureum

 

Riche en azote, en phosphore, en potasse organique et en éléments minéraux (bore, cuivre, fer, manganèse, zinc…), la consoude est un excellent fertilisant pour les fruits et légumes et complémentaire avec l’ortie (pour son Azote).
Elle favorise la vie microbienne du sol et l’assimilation des minéraux présents dans le sol.

Cultiver la consoude au jardin permet de :

  • Nourrir les abeilles indispensables à la pollinisation (floraison longue de mai à octobre)
  • Pailler le sol avec un engrais vert : A partir du mois de mai, on utilise son feuillage en paillage du sol pour les cultures gourmandes au potager.  On incorporera ensuite légèrement ce mulch par le binage, au pied des plantes cultivées.  En automne, la plante coupée peut simplement être laissée en couverture du sol, là où elle se trouve.
  • Planter les tomates: on peut mettre une poignée de feuilles de consoude au fond du trou de plantation des tomates (tout comme avec l’ortie)
  • Enrichir le compost : la plante coupée sert d’activateur de compost.
  • Fabriquer son purin de consoude (voir recette ci-dessous). Le pouvoir fertilisant de cet engrais naturel est supérieur à un bon compost. Arroser régulièrement au pied avec un purin de consoude (dilué à 10 %) favorise la croissance des légumes gourmands et renforce leurs défenses naturelles.
  • Revitaliser les plantes carencées (notamment en azote ou en potasse) grâce à une décoction de consoude (dilué à 5 %), riche en vitamines et en minéraux
  • Nourrir les poules et autres animaux de basse-cour. La consoude contient toute une palette d’acides aminés, mais elle contient aussi beaucoup de lutéine, qui permet d’avoir de bons jaunes d’œufs.
consoude
consoude officinale

On trouve différentes variétés de consoude : la consoude sauvage (Symphitum officinale), la Consoude à grandes fleurs (Symphitum grandiflorum) dont certains cultivars bicolores, la Consoude du Caucase, etc.

La consoude de Russie est la plus utilisée en permaculture (Symphytum Peregrinum).
C’est une plante hybride stérile, ne produisant pas de graines, mais qui forme des touffes impressionnantes pouvant mesurer pratiquement 2 m de hauteur.
Son feuillage est très dense et elle est particulièrement riche en potasse (jusqu’à 14% pour la consoude ‘Bocking14’).
On peut la bouturer facilement pour disposer toujours d’un engrais gratuit!

consoude
Consoude à grandes fleurs (Symphitum grandiflorum)

Préparation d’un purin de consoude et décoction de consoude

Riche en potasse et en bore, le purin de consoude est un formidable stimulant et fertilisant pour les arbres fruitiers et les plantes légumières à fruits (la tomate, l’aubergine…).
Il est aussi possible de l’utiliser comme activateur de compost. 

La fabrication du purin de consoude

  • Utilisez de préférence un contenant en plastique avec couvercle (évitez le métal)
  • Remplissez-le de consoude fraîche (feuilles et tiges fleuries) excepté les racines.
  • Complétez avec de l’eau de pluie à raison de 10 l d’eau/ 1 kg de feuilles. Couvrez en laissant une légère aération.
  • Mélangez avec un bâton chaque jour pour diminuer les odeurs désagréables causées par la fermentation.
    On observe une mousse qui se forme à la surface.
  • Le purin est prêt à être utilisé quand il n’y a plus de bulles (10 à 20 jours, selon la température extérieure).
  • Filtrez
  • Diluez le purin de consoude à 5% pour pulvériser – et à 10% pour arroser au pied des plantes

La décoction de consoude

  • Mettez les plantes fraîches à tremper pendant 24 h (100g /1 L d’eau)
  • Portez ensuite à ébullition pendant 20 minutes
  • Couvrez et laissez refroidir avant de filtrer.
  • Diluez à 5% pour pulvériser
consoude officinale
consoude
consoude officinale
consoude officinale

consoude

consoude officinale

consoude officinale : ses fleurs peuvent être roses, violettes ou blanches. Ses feuilles sont grandes, larges et velues.

10 commentaires sur “La consoude, un fertilisant naturel

  1. Je la trouve quand même assez envahissante car il est très difficile de l’arracher : ses racines sont profondes,il en reste toujours un bout.
    L’an dernier, j’en ai mis au pied des tomates et j’en fais du purin, effectivement.
    Je la coupe 2-3 fois sur la saison sinon elle se couche sur ses voisines et les étouffe !

  2. Bonjour Malorie

    Merci pour ces articles toujours forts instructifs.
    Penses-tu que je puisse utiliser la consoude (j’en ai un pied, ‘Hidcote blue’, qui patiente dans son godet) comme couvre-sol « intraversable » du style géranium macrorrhizum ou consorts ?
    Bon week-end !

    1. Bonjour Malorie
      Merci pour cet excellent article sur cette plante que j’adore !
      Tu as juste oublié de dire que les jeunes feuilles se mangent…mais ça fallait-il le savoir…elles font d’excellents beignets qui évoquent le goût des limandes…elles épaississent la soupe de légumes du fait de leur mucilage…la consommer avec modération…
      Bon week-end

      1. Bonjour,
        C’est vrai, j’ai préféré ne pas en parler car la consommation doit être très modérée et il semble que cela prête parfois à discussion…
        Bon week-end!

    2. Je ne sais pas du tout si ce serait aussi efficace. C’est la première fois que j’en cultive chez moi. Chez André Eve en tout cas, la consoude forme un joli tapis.

  3. J’utilise la consoude avec l’ortie depuis de nombreuses années , tout comme la Prêle( le caviar des plantes ) .Chaque plante préparée en purin individuellement puis mélangées ensuite .je ne saurais imaginer mon jardin sans les purins qui sont d’excellents compléments au potager et aussi dans mes fleurs .
    En ce qui me concerne j’ai une plante de consoude de Russie que je taille plusieurs fois , je ne la laisse pas fleurir car j’avais peur qu’elle ne se ressème mais grâce à ton post Malo je viens d’apprendre que ce n’est pas le cas !
    Comme toujours avec toi je m’informe .
    A bientôt et bon week-end
    Prends soins de toi et de tes proches,bisous

    1. C’est vraiment super d’avoir ton retour sur ces plantes et purins! Merci Maryse!
      En plus, quand on voit ton superbe potager, c’est certain que ça lui réussi!
      Bon week-end! Bisous!

  4. Désolée d’insister…François Couplan Ethnobotaniste de renom organise des stages pratiques j’ai eu la chance de participer à l’un deux…a publié de nombreux ouvrages sur les plantes…c’est une plante comestible sans aucun doute…
    Bonne soirée

    1. Oui tout à fait, je n’ai pas dit le contraire. Simplement la consommation doit rester modérée et prudente. Dans certains cas, pour certaines personnes, en surconsommation, elle peut s’avérer toxique. La consoude de Russie est plus toxique que la consoude « sauvage » (officinale)…
      Dans ce blog-jardin, je n’ai pas eu envie de faire un article culinaire à rallonge pour mettre mes lecteurs en garde. Comme je ne suis pas une spécialiste en plantes sauvages comestibles, j’ai préféré ne pas en parler du tout pour ne pas prendre la responsabilité de recommander la consommation de cette plante à tout un chacun.
      Beaucoup d’autres sites et blogs plus ciblés en parlent mieux que moi et proposent de succulentes recettes à base de consoude.
      En raison de la présence d’alcaloïdes dans la plante, il faut éviter toute consommation régulière. « Depuis une cinquantaine d’années, on reconnaît des effets néfastes à la consoude qui sont dus à un groupe de molécules présentes dans la plante et qu’on appelle les alcaloïdes pyrrolizidiniques (noté par la suite AP). Les effets peuvent être les suivants : hépatotoxique, cancérogène, génotoxique, tératogénique, pneumotoxique et abortif. Les enfants jusqu’à 14 ans sont plus sensibles aux effets toxiques des AP que les adultes mais le pronostic de ces derniers lorsqu’ils sont atteints est plus mauvais. »
      https://www.leveilsauvage.fr/2017/07/24/peut-on-manger-la-consoude/

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